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Savourer l’hiver

16 janvier 2025

L’arrivée de la saison froide invite naturellement à repenser nos habitudes de vie. Alors que la nature se met au repos et que nos corps cherchent réconfort et chaleur, il devient essentiel d’adapter notre alimentation aux exigences de l’hiver et de son froid mordant. Autrefois d’ailleurs, les saisons dictaient complètement le rythme de nos repas et le contenu de nos assiettes. Aujourd’hui, bien que nous ayons accès à une grande variété aliments frais à l’année dans les supermarchés, il demeure pertinent de repenser nos choix alimentaires et nos habitudes de vie en fonction des saisons. Voici quelques pistes pour adapter votre alimentation à l’hiver et ainsi renforcer votre organisme face aux défis propres à cette période.

Au menu : les aliments d’ici

Autrefois, en vue de l’hiver, les familles se consacraient à la préparation de conserves, marinades, soupes, viandes salées et congelaient les fruits récoltés à la fin de l’été. Bien que cela requière énormément de temps de préparation, ces efforts permettaient d’avoir à disposition des aliments sains et locaux tout l’hiver durant, tout en retirant de nombreux avantages nutritionnels. En effet, on sait que les produits locaux contiennent généralement beaucoup moins de substances nocives et de pesticides. Sans nécessairement revenir à un mode de vie ancestral, il est judicieux d’intégrer certaines de ces pratiques pour conserver la santé et la vitalité pendant la saison froide. Ainsi, durant l’été, pourquoi ne pas congeler les baies cueillies en famille, stocker courges et potirons dans la chambre froide, ou encore explorer les bienfaits des lactofermentations de carottes, betteraves ou de choux ? C’est tout votre microbiote intestinal qui en sera heureux. Finalement, choisir des fruits ou légumes surgelés peut représenter une option avantageuse pour manger des aliments locaux. Certaines entreprises locales utilisent peu ou pas de pesticides, car le processus de surgélation en soi contribue déjà à la conservation des produits. De cette manière, vous évitez d'acheter des aliments importés, qui contiennent souvent davantage d'agents de conservation et de pesticides. Toutefois, afin d’éviter les aliments trop froid ou gelés, il sera peut-être préférable de bien les décongeler avant de les consommer afin de ne pas engendrer ou aggraver la frilosité.

S’aligner aux rythmes circadiens

À la tombée de la nuit, la glande pinéale répond à l’absence de lumière ambiante en sécrétant de la mélatonine, une hormone participant entre autres au processus d’endormissement. Cette précieuse hormone intervient dans la synchronisation des cycles de sommeil et d'éveil, que l’on appelle les rythmes circadiens. Tout comme une panoplie d’autres fonctions physiologiques, la fonction digestive obéit elle aussi aux les rythmes circadiens. Ainsi, la nuit venue, la sécrétion des sucs digestifs, la motilité intestinale et l’absorption des lipides, protéines et glucides se voient naturellement ralentir. Non seulement la digestion en soi est régulée par les rythmes circadiens, mais le microbiote et la barrière intestinale en dépendent également. En mangeant tard le soir ou selon des horaires irréguliers, nous nous désalignons donc de notre horloge biologique naturelle et nuisons à la santé intestinale. Comme l’hiver au Québec, et plus particulièrement avant l’arrivée du solstice, est marqué par une luminosité de plus en plus rare, il semble donc préférable de prendre les plus gros repas quand il fait encore jour ou d'ajuster les horaires de repas. Il est vrai que ces recommandations peuvent sembler difficiles à mettre en pratique, notamment en raison de nos horaires de travail qui eux, ne changent pas nécessairement en fonction des saisons et ne correspondent pas toujours aux rythmes naturels du corps. Cependant, il est intéressant de chercher à s'en rapprocher. En nous assurant au moins de prendre nos repas et collations à des heures régulières, nous faisons déjà un pas important pour prendre soin de notre santé digestive.

Cru ou cuit?

Alors que le froid est bien installé et que le système digestif se fait un peu plus paresseux, veillez à consommer des repas réconfortants. Qu’il s’agisse de bonnes soupes chaudes, de pâtés, de riz frit ou de plateaux de légumes, il sera préférable également d’opter pour des aliments cuits. Ainsi, le corps n’aura pas à dépenser de l’énergie superflue pour réchauffer les aliments, ce qui risquerait d’engendrer plus de frilosité. Dans le même ordre d’idées, en médecine chinoise, il est dit de privilégier les aliments de nature « chaude » pendant l’hiver. Ce sont entre autres les légumes racines ou encore les hydrates de carbones complexes nourrissants comme le sarrasin ou le riz sauvage. On peut également penser aussi aux épices, aux potages, aux soupes, bref, tout ce qui est réconfortant, et hautement nutritif !

 Les aliments à privilégier

Augmenter la consommation de protéines pendant l’hiver, pourrait favoriser une meilleure thermogénèse et une bonne stabilité de l’humeur. De plus, choisir des aliments denses en nutriments favorisera une bonne conservation de l’énergie en plus d’une nutrition optimale. On peut pensera aux noix et graines par exemple ou encore aux pousses et germinations. Ces dernières contiennent une grande quantité de vitamines, minéraux et oligo-éléments biodisponibles en un seul repas facile à digérer. De plus, elles peuvent se cultiver très facilement à l’intérieur dans des plateaux ou des bocaux de verre. De plus, les aliments riches en vitamine C seront bénéfiques pour les défenses immunitaires. Les agrumes peuvent être intéressants, mais à modérer, puisqu’ils sont de nature froide selon la médecine traditionnelle chinoise. Les brocolis et les épinards sont également très intéressants pour leur richesse en vitamine C. Toutefois, comme la cuisson entraîne des pertes importantes de vitamine C, il faudra idéalement les consommer crus afin d’en retirer le maximum d’avantages.

Les breuvages réconfortants

Les tisanes réconfortantes et revitalisantes seront particulièrement appréciées pendant l'hiver. On peut envisager des infusions simples de gingembre râpé, de cannelle ou de clou de girofle, par exemple. Ces épices non seulement favorisent une digestion optimale et renforcent les défenses immunitaires, mais elles stimulent également la circulation sanguine, réchauffant ainsi le corps en profondeur. Les plantes locales nutritives en infusion représentent aussi une excellente option. Puisque l'accès aux aliments frais et aux jardins ne reviendra qu'au printemps, des tisanes de plantes telles que l'ortie, l'avoine, la prêle ou le framboisier fourniront au corps des précieuses vitamines. Si vous le souhaitez, vous pouvez également intégrer des plantes dites « chaudes » en médecine chinoise, comme le ginseng ou l’astragale, qui renforceront le système immunitaire tout en tonifiant et réchauffant l'ensemble du corps. Elles peuvent être ajoutées à une décoction médicinale ou à une soupe.

Savourer la forêt

Bien que l’hiver semble « pauvre », alors que les sols sont bien gelés et que les jardins attendent patiemment l’arrivée du printemps, de ressources précieuses demeurent et sont à notre portée. Dans la forêt, les aiguilles de sapin, d’épinette ou de pin offrent d’ailleurs une bonne réserve de vitamine C. Elles peuvent être consommées en salade, ajoutées à des soupes ou dégustées tout simplement en tisane. Grâce à leur apport en vitamine C et leurs vertus anti-infectieuses, elles favorisent le bon fonctionnement du système immunitaire.

 

Références

https://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=melatonine_ps

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6533073/

Cours Flora Médicina : Alimentation thérapeutique

 

Par Catherine Drouin (La santé à coeur)

Naturopathe spécialisée en santé de la femme
Praticienne Arvigo (Massage abdominal Maya)